La semaine du 8 au 14 décembre 2025 a été marquée par la baisse de taux de la Fed à 3,50-3,75%, l’adoption historique du PLFSS 2026 sans recours au 49.3, et une rotation sectorielle majeure sur les marchés actions. Le CAC 40 recule de -0,4% à 8 085 points tandis que Wall Street affiche une divergence spectaculaire entre le Dow Jones (+1,2%) et le Nasdaq (-1,9%). L’or atteint de nouveaux sommets à 4 300 $/oz (+3%), le Bitcoin consolide autour de 90 000 $, et les investisseurs français doivent intégrer une hausse de la CSG sur certains revenus du capital à 10,6% dès 2026.
Le CAC 40 consolide avant les échéances de fin d’année
La Bourse de Paris a terminé la semaine sur une note légèrement négative, le CAC 40 clôturant vendredi 12 décembre à 8 085,76 points, en repli de -0,21% sur la séance et d’environ -0,4% sur la semaine. L’indice phare parisien évolue dans un corridor étroit entre 8 050 et 8 150 points depuis le 26 novembre, traduisant l’attentisme des investisseurs face aux incertitudes monétaires et politiques.
Les valeurs bancaires françaises ont brillé cette année avec des performances exceptionnelles : Société Générale affiche +82,8% depuis janvier, BNP Paribas progresse de +30,3% et Crédit Agricole de +20,2%. Ces hausses surpassent largement le Stoxx Europe 600 Banks (+26,4%). Le secteur défense a également profité de l’annonce de 52 milliards d’euros de contrats de défense allemands, propulsant Thales (+2,6%) et Dassault Aviation (+2,59%) en hausse le mardi 9 décembre.
Côté corporate, plusieurs opérations significatives ont animé la cote. BNP Paribas a cédé 25% d’AG Insurance à Ageas pour 1,9 milliard d’euros, tandis que L’Oréal a porté sa participation dans Galderma à 20% (+10%). TotalEnergies a inauguré sa cotation directe en actions ordinaires au NYSE le 8 décembre, les investisseurs américains détenant désormais environ 40% du capital. Fait marquant : Eiffage remplacera Edenred au sein du CAC 40 à compter du 22 décembre, Euronext ayant acté la capitalisation supérieure du groupe de BTP (15 milliards € contre 4,3 milliards €).
Schneider Electric s’est distingué jeudi 11 décembre avec une hausse de +3,58% à 241,85 €, porté par l’annonce de ses objectifs stratégiques 2025-2030 prévoyant une croissance organique de 7-10% par an et une amélioration de marge EBITA de 2,5 points.
Wall Street tiraillé entre rotation sectorielle et inquiétudes sur l’IA
Les marchés américains ont connu une semaine contrastée, révélant une rotation majeure hors des valeurs technologiques. Le Dow Jones Industrial Average a progressé de +1,2% à 48 458 points, atteignant même un plus haut historique intraday vendredi, tandis que le Nasdaq Composite a chuté de -1,9% à 23 195 points. Le S&P 500 a reculé de -0,5% à 6 827 points après avoir frôlé son record absolu jeudi.
Cette divergence s’explique par deux événements majeurs. D’abord, Oracle a plongé de -10,8% jeudi suite à des résultats trimestriels décevants soulevant des interrogations sur la rentabilité des investissements IA. Puis vendredi, Broadcom a dévissé de -11% malgré des résultats supérieurs aux attentes, le groupe ayant averti d’une compression de ses marges liée aux processeurs IA personnalisés. Cette défiance s’est propagée à l’ensemble du secteur : Nvidia a perdu -3,3%, AMD -4,8% et Micron -6,7%.
Le rally post-Fed de mercredi, où le Dow avait bondi de 497 points (+1,1%), a rapidement cédé la place à des prises de bénéfices. Les flux retail demeurent néanmoins robustes avec 7,8 milliards de dollars d’entrées nettes la semaine du 10 décembre, dont 6,3 milliards vers les ETF. L’indice VIX a terminé à 15,74, en hausse de 6% vendredi mais toujours dans une zone de volatilité modérée.
La Fed abaisse ses taux mais durcit son discours pour 2026
La Réserve fédérale américaine a abaissé ses taux directeurs de 25 points de base lors de sa réunion des 10-11 décembre, ramenant le taux des Fed Funds à 3,50-3,75%, son niveau le plus bas depuis novembre 2022. Cette troisième baisse consécutive en 2025 était largement anticipée par les marchés.
Le vote a révélé des divisions inhabituelles au sein du FOMC : 9 voix pour, 3 contre. Austan Goolsbee (Fed de Chicago) et Jeffrey Schmid (Kansas City) auraient préféré maintenir les taux, tandis que Stephen Miran plaidait pour une baisse de 50 points. Jerome Powell a qualifié cette décision de « close call », reconnaissant qu’elle aurait pu pencher dans l’autre sens.
Le message le plus significatif concerne les projections 2026 : le « dot plot » n’anticipe désormais qu’une seule baisse de taux l’an prochain, contre deux précédemment. Sept membres du comité ne prévoient même aucune réduction en 2026. Powell a souligné que « les tarifs douaniers sont responsables de l’essentiel du dépassement d’inflation » et que la Fed adopterait une approche « wait and see ». Les prévisions d’inflation PCE ont été relevées à 2,9% pour 2025 et 2,4% pour 2026.
Du côté de la BCE, les taux sont inchangés depuis juin 2025 avec un taux de dépôt à 2,00%. La réunion du 18 décembre reste incertaine entre maintien et baisse de 25 points de base, l’inflation de la zone euro étant remontée à 2,2% en novembre (contre 2,1% en octobre). L’inflation française reste remarquablement contenue à 0,9% sur un an (indice IPC INSEE), bien en dessous de la moyenne européenne.
Bitcoin à 90 000 $ : consolidation et essor des ETF XRP
Le marché des cryptomonnaies a connu une semaine de consolidation après la volatilité de novembre. Le Bitcoin s’est stabilisé autour de 90 000 $, ayant brièvement atteint 94 640 $ le 9 décembre avant de reculer sous l’effet du discours « hawkish » de la Fed. L’indice Fear & Greed affiche 21-23 (« Extreme Fear »), reflétant la nervosité des investisseurs par rapport au plus haut historique de 126 000 $ d’octobre.
L’Ethereum a progressé de +3% sur la semaine pour s’établir autour de 3 100 $, soutenu par des flux ETF robustes (+117,7 millions $ le 10 décembre seul). Le XRP a été propulsé par deux annonces majeures : la SEC a autorisé le lancement de l’ETF XRP de 21Shares (ticker TOXR) sur le Cboe BZX le 11 décembre, et Ripple a obtenu l’agrément de l’OCC pour devenir une banque fiduciaire nationale. Les ETF adossés au XRP ont désormais dépassé 1 milliard de dollars d’encours aux États-Unis. Solana consolide autour de 130 $, en repli de 14,5% sur un mois.
Les flux ETF Bitcoin ont été mitigés : après des sorties nettes de 60 millions $ les 8 et 9 décembre, un rebond s’est amorcé avec +224 millions $ le 10 décembre puis +220 millions $ le 11 décembre. BlackRock IBIT reste le véhicule dominant avec un afflux de 193 millions $ le 10 décembre. Fait notable, PNC Bank est devenue la première grande banque américaine à proposer l’achat direct de Bitcoin spot à ses clients fortunés via le service Crypto-as-a-Service de Coinbase.
Sur le plan réglementaire, MiCA est pleinement applicable depuis le 30 décembre 2024 dans l’Union européenne. L’ESMA a publié le 4 décembre une déclaration sur le régime transitoire des prestataires de services crypto, le délai s’étendant jusqu’en juillet 2026 pour certains acteurs.
SCPI : collecte en hausse de 33% et rendements attractifs
Le marché des SCPI poursuit son redressement avec une collecte nette de 3,30 milliards d’euros sur les neuf premiers mois 2025, en progression de +33% par rapport à 2024. Le troisième trimestre a été particulièrement dynamique avec 1,13 milliard d’euros collectés (+39,1% sur un an). La concentration reste forte : six sociétés de gestion captent 70% des souscriptions nettes.
Quatre SCPI ont revalorisé leurs parts au 1er décembre 2025 : Elialys (+2%), Transitions Europe (+1%), Alta Convictions (+0,98%) et MyShare Education (+1%). Au total, 13 revalorisations ont été enregistrées en 2025, contre 8 en 2024. Le taux de distribution moyen du marché s’est établi à 4,72% en 2024, en hausse par rapport aux 4,52% de 2023.
Les SCPI les plus performantes affichent des rendements remarquables : Comète atteint 10,62% de distribution 2024 (objectif 8% pour 2025), Transitions Europe 8,25% (objectif 7,50%), et Iroko Zen 7,32% (objectif 6%). Treize SCPI ont dépassé les 7% de distribution et ont capté près de la moitié de la collecte du premier semestre.
Côté immobilier résidentiel, les notaires ont enregistré 921 000 transactions sur douze mois glissants à fin septembre 2025, en hausse de +11% sur un an. Le marché se redresse après le point bas de 777 000 ventes en octobre 2024. Les prix moyens nationaux s’établissent à 3 141 €/m², avec une légère hausse de +0,4% au troisième trimestre, premier trimestre positif après six trimestres de repli. Paris reste stable autour de 9 540-9 700 €/m², toujours en retrait de 11% par rapport au pic de 2020.
Les taux de crédit immobilier demeurent stables en décembre : 3,06% sur 15 ans, 3,27% sur 20 ans et 3,37% sur 25 ans selon Meilleurtaux. Les meilleurs dossiers obtiennent des taux proches de 2,90% sur 15-20 ans.
PLFSS 2026 adopté : hausse de la CSG sur certains placements
L’Assemblée nationale a adopté le PLFSS 2026 le 9 décembre par 247 voix contre 234, avec 93 abstentions. Cette adoption sans recours à l’article 49.3 constitue une première depuis 2022 et résulte d’un compromis entre Renaissance, MoDem, Parti socialiste et LIOT. Les Républicains et Horizons se sont majoritairement abstenus.
La mesure phare pour les investisseurs concerne la hausse de la CSG de 9,2% à 10,6% (+1,4 point) sur certains revenus du capital, adoptée le 4 décembre par 177 voix contre 84. Cette hausse s’appliquera aux comptes-titres, livrets bancaires non réglementés, comptes à terme, dividendes, plus-values mobilières et revenus de SCPI. En conséquence, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) passera effectivement de 30% à 31,4% sur ces produits.
Bonne nouvelle pour les épargnants : l’assurance-vie reste exonérée de cette hausse, tout comme les PER assurance, les PEL/CEL, les revenus fonciers et les plus-values immobilières. Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) conservent leur exonération totale.
Le texte suspend également la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, permettant aux personnes nées entre janvier 1964 et mars 1965 de partir trois mois plus tôt que prévu initialement. L’ONDAM (dépenses de santé) est fixé à 274,3 milliards d’euros (+3%). Le Sénat a rejeté le texte le 12 décembre via une question préalable, mais le vote final à l’Assemblée le 16 décembre devrait confirmer son adoption.
Concernant le PLF 2026, les débats se poursuivent au Sénat avec une date limite constitutionnelle au 23 décembre. L’IFI pourrait être transformé en « impôt sur la fortune improductive » incluant or, cryptomonnaies, voitures de collection et yachts, avec un taux unique de 1%.
Matières premières : l’or flambe, le pétrole décroche
L’or a connu une semaine exceptionnelle, progressant d’environ +3% pour atteindre 4 300 $/oz en fin de période, son plus haut depuis sept semaines. La performance annuelle atteint désormais +60%, la meilleure depuis 1979. La baisse des taux de la Fed, la faiblesse du dollar et les achats continus de la banque centrale chinoise (13e mois consécutif) ont soutenu le métal jaune.
L’argent a surpassé l’or avec un gain hebdomadaire de +5%, atteignant un record historique de 64,64 $/oz le 12 décembre avant de consolider vers 62 $. La performance 2025 dépasse les +100%, portée par le déficit structurel d’offre (95 millions d’onces en 2025) et la demande industrielle liée au solaire et aux véhicules électriques.
À l’inverse, le pétrole a poursuivi sa glissade avec un recul de -3% sur la semaine. Le Brent a clôturé à 61,50 $/baril et le WTI à 57,50 $/baril, leurs plus bas depuis sept semaines. L’AIE anticipe un excédent record de 2,4 millions de barils/jour en 2025 et 4 millions en 2026. L’OPEP+ a annoncé une pause des hausses de production au premier trimestre 2026, mais cela n’a pas suffi à soutenir les cours.
L’euro s’est renforcé face au dollar, la parité EUR/USD progressant de +1,3% à environ 1,1740, son meilleur niveau depuis mi-octobre. Le cuivre a atteint un record absolu au-dessus de 5,40 $/lb (+8% sur la semaine), porté par les signaux de relance chinois.
La Chine annonce sa politique économique la plus accommodante depuis 2010
La Conférence centrale de travail économique s’est tenue les 10-11 décembre 2025 à Pékin, fixant les priorités pour 2026. Le message principal : la consommation intérieure devient la priorité absolue de la politique économique, rompant avec le modèle axé sur l’export et l’investissement.
La politique monétaire sera officiellement « modérément accommodante » pour la première fois depuis 2010. Les analystes anticipent une baisse du ratio de réserves obligatoires de 50-100 points de base et une réduction des taux préférentiels de 30 points. Le déficit budgétaire devrait être porté à 4-4,5% du PIB contre environ 4% en 2025. Les obligations spéciales du Trésor à très long terme seront doublées à 2 000 milliards de yuans (275 milliards $).
Le FMI a relevé ses prévisions pour la Chine à 5,0% de croissance en 2025 (+0,2 point) et 4,5% en 2026 (+0,3 point). La directrice générale Kristalina Georgieva a toutefois appelé Pékin à « accélérer » sa transition vers un modèle de croissance moins dépendant des exportations.
Sur le front commercial, les tarifs américains moyens sur les produits chinois se sont stabilisés à 47,5% (contre un pic de 127,2% en mai), tandis que les tarifs chinois sur les importations américaines atteignent 31,9%. L’excédent commercial chinois a dépassé 1 000 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2025, un record historique, avec une réorientation des flux vers l’Europe (+8,9%), l’Asie du Sud-Est (+14,6%) et l’Afrique (+27,2%).
Conclusion : arbitrages stratégiques pour 2026
Cette semaine dense en actualités dessine les contours de l’environnement d’investissement pour 2026. Les investisseurs français devront intégrer la hausse de la fiscalité sur les comptes-titres et revenus de SCPI (31,4% contre 30%) tout en notant la préservation des avantages de l’assurance-vie. Dans ce contexte, l’enveloppe assurance-vie gagne en attractivité relative.
Les marchés actions présentent une configuration contrastée : les valeurs bancaires européennes conservent du potentiel après leur rallye 2025, tandis que le secteur technologique américain traverse une phase de réévaluation des promesses IA. L’or et l’argent maintiennent leur dynamique haussière portée par la baisse des taux réels, et constituent une diversification pertinente.
Les SCPI offrent des rendements supérieurs à 4,7% en moyenne avec une collecte en nette reprise, mais la hausse de la CSG appelle à privilégier leur détention via assurance-vie. Enfin, le ralentissement du rythme de baisse des taux directeurs des deux côtés de l’Atlantique suggère que les taux de crédit immobilier devraient osciller autour de 3,25-3,35% en 2026, sans retour vers les niveaux pré-2022.