La semaine du 15 au 21 décembre 2025 a cristallisé plusieurs événements majeurs pour les investisseurs français : la BCE a maintenu ses taux à 2% le 18 décembre, le PLFSS 2026 a été adopté confirmant la hausse de la CSG à 10,6% sur les revenus du capital, tandis que le PLF 2026 a échoué, nécessitant l’adoption d’une loi spéciale le 23 décembre. Côté marchés, le CAC 40 a progressé de +1,03% sur la semaine, les indices américains ont atteint de nouveaux records, et le Bitcoin a consolidé autour de 88 000 dollars. Cette semaine marque également l’entrée historique d’Eiffage au CAC 40 le 22 décembre.
Le CAC 40 progresse malgré l’incertitude politique française
L’indice phare de la Bourse de Paris a affiché une progression de +1,03% sur la semaine du 16 au 20 décembre 2025, clôturant autour de 8 115 points le vendredi 19 décembre. Cette performance correcte s’inscrit dans un contexte d’attente des données d’inflation PCE américaines et d’optimisme concernant la politique monétaire de la BCE.
La performance annuelle du CAC 40 atteint environ +10% en 2025, un résultat honorable mais en retrait par rapport au DAX allemand (+22%) et au STOXX Europe 600 (+16%). Cette sous-performance relative s’explique principalement par l’incertitude politique française persistante, avec l’échec de l’adoption du budget dans les délais constitutionnels. Les volumes d’échanges ont été particulièrement faibles en cette période pré-festive, avec seulement 485 millions d’euros échangés le 24 décembre.
L’événement marquant de la semaine reste l’entrée d’Eiffage au CAC 40 effective le 22 décembre 2025, en remplacement d’Edenred. Le groupe de BTP et concessions, dont la capitalisation avoisine 12 milliards d’euros, rejoint ainsi Bouygues et Vinci au sein de l’indice. Cette modification de composition reflète la rotation sectorielle observée en 2025, avec un regain d’intérêt pour les valeurs industrielles et de construction.
Les performances sectorielles ont été contrastées sur l’année 2025. Le secteur de la défense a dominé avec Thales en hausse spectaculaire de +74,54% sur l’année, porté par la hausse des budgets de défense européens et les tensions géopolitiques. Les banques ont également brillé, Société Générale affichant +52,39% et BNP Paribas +29,87%. À l’inverse, le luxe a souffert de la faiblesse de la demande chinoise, et le secteur technologique a été pénalisé avec Dassault Systèmes en baisse de -25,9%, plus forte chute du CAC 40.
Wall Street établit de nouveaux records avant les fêtes
Les indices américains ont poursuivi leur trajectoire ascendante, établissant de nouveaux sommets historiques. Le S&P 500 a clôturé à 6 932 points le 24 décembre, en hausse de +0,32% sur la séance, tandis que le Dow Jones a atteint 48 731 points (+0,60%). Le Nasdaq Composite a terminé à 23 613 points, affichant une performance annuelle de +22%.
Cette dynamique positive a été soutenue par la publication surprise du PIB américain du troisième trimestre 2025, ressorti à +4,3% en rythme annualisé le 23 décembre, bien au-dessus des 3,2% anticipés par le consensus. Les marchés sont entrés dans la période traditionnelle du « Santa Claus Rally », généralement favorable aux actions lors des cinq dernières séances de l’année et des deux premières de janvier.
La décision de la Fed des 10-11 décembre continue d’influencer les anticipations des investisseurs. La banque centrale américaine a abaissé ses taux de 25 points de base, portant la fourchette des Fed Funds à 3,50%-3,75%, son plus bas niveau depuis trois ans. Le vote a été inhabituellement divisé (9 contre 3), traduisant des divergences de vues sur la trajectoire future des taux. Le « dot plot » ne prévoit désormais qu’une seule baisse de taux supplémentaire en 2026, contre deux précédemment anticipées.
Bitcoin consolide autour de 88 000 dollars dans un contexte de sorties massives des ETF
Le marché des cryptomonnaies a connu une semaine de consolidation, le Bitcoin évoluant entre 85 500 et 94 000 dollars, pour clôturer autour de 88 000 dollars le 21 décembre, soit une progression hebdomadaire de +2,3%. Cette relative stabilité intervient après la correction de -30% observée depuis le record historique de 126 210 dollars atteint le 6 octobre 2025.
L’Ethereum a sous-performé, reculant de -6 à -7% sur la semaine pour se stabiliser autour de 3 000 dollars. Les réserves d’ETH sur les exchanges ont augmenté de 400 000 ETH, signalant une pression vendeuse potentielle. Un dépôt notable de 36 579 ETH (environ 108 millions de dollars) par BlackRock sur Coinbase le 21 décembre a suscité des interrogations sur les intentions du gestionnaire d’actifs.
Les flux sur les ETF crypto spot ont été significativement négatifs cette semaine. Les ETF Bitcoin ont enregistré des sorties nettes de -497 millions de dollars, principalement concentrées sur l’iShares Bitcoin Trust (IBIT) de BlackRock (-240 millions) et les produits Bitwise et Ark. Les ETF Ethereum ont subi des retraits encore plus importants de -644 millions de dollars, portés par des sorties massives de -558 millions sur l’ETHA de BlackRock. Au total, les ETF crypto ont perdu 1,13 milliard de dollars sur la semaine, reflétant des prises de bénéfices de fin d’année.
Côté altcoins, le XRP a progressé de +1,27% à environ 1,87 dollar, bénéficiant d’entrées nettes de 13,21 millions de dollars sur ses ETF. Solana a légèrement reculé autour de 123 dollars, tandis que le sentiment général du marché reste craintif avec un Fear & Greed Index à 23 (Extreme Fear).
Sur le plan réglementaire, le règlement européen MiCA fête son premier anniversaire d’application complète, avec désormais 102 prestataires de services crypto enregistrés selon le registre de l’ESMA. La SEC américaine a publié le 17 décembre de nouvelles clarifications sur les règles de custody pour les broker-dealers détenant des crypto-actifs, poursuivant l’assouplissement réglementaire observé sous la nouvelle administration.
La BCE maintient ses taux, la Fed marque une pause
La réunion de la BCE du 18 décembre 2025 s’est soldée par un maintien des taux directeurs pour la quatrième réunion consécutive depuis juin 2025. Le taux de dépôt reste à 2,00%, le taux de refinancement à 2,15% et le taux de prêt marginal à 2,40%. Christine Lagarde a souligné une décision « unanime » du Conseil des gouverneurs, tout en maintenant une approche « réunion par réunion » basée sur les données économiques.
Les projections de l’Eurosystème prévoient une inflation à 2,1% en 2025, 1,9% en 2026 et 2,0% en 2028, proche de la cible. La croissance du PIB zone euro est désormais attendue à 1,4% en 2025 (révisée à la hausse) et 1,2% en 2026. L’inflation des services, qui reste élevée à 3,5% en novembre, constitue le principal foyer de tensions surveillé par la BCE.
L’inflation française demeure exceptionnellement basse à 0,9% en novembre 2025 selon l’IPC de l’INSEE, la plus faible de la zone euro. L’inflation sous-jacente s’établit à 1,0%. Ces niveaux contrastent avec la moyenne européenne et témoignent du ralentissement de l’économie française.
Les rendements obligataires ont atteint des niveaux élevés, avec l’OAT 10 ans française à 3,56%, son plus haut niveau depuis novembre 2011, lors de la crise de la dette souveraine. Le spread OAT-Bund s’établit autour de 70 points de base, reflétant la prime de risque politique française liée à l’impasse budgétaire. Le Bund allemand à 10 ans évolue autour de 2,87% et le Treasury américain à 4,15%.
Le PLFSS 2026 adopté avec une hausse de la CSG sur le capital
Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 a été définitivement adopté par l’Assemblée nationale le 16 décembre 2025, par 247 voix pour contre 232 et 90 abstentions. Fait notable, il s’agit du premier budget de la Sécurité sociale adopté sans recours à l’article 49.3 depuis 2022.
La mesure phare pour les investisseurs particuliers est la hausse de la CSG sur les revenus du capital de 9,2% à 10,6% à compter du 1er janvier 2026. Cette augmentation de 1,4 point porte les prélèvements sociaux totaux à 18,6% et la flat tax (PFU) effective à 31,4%. Sont concernés les dividendes et intérêts du compte-titres ordinaire, les plus-values de cession de valeurs mobilières, les gains du PEA après cinq ans (qui restent exonérés d’IR mais pas de prélèvements sociaux), les cryptomonnaies et les revenus de location meublée non professionnelle.
Point important : l’assurance-vie est explicitement exclue de cette hausse et reste soumise aux prélèvements sociaux de 17,2%, de même que les revenus fonciers (location nue) et les plus-values immobilières. Le PLFSS 2026 prévoit également une suspension de la réforme des retraites, avec un gel de l’âge légal à 62 ans et 9 mois jusqu’au 1er janvier 2028.
En revanche, le Projet de loi de finances 2026 n’a pas pu être adopté avant la date limite constitutionnelle du 23 décembre. La Commission mixte paritaire a échoué le 19 décembre, et une loi spéciale a été votée le 23 décembre par 496 voix pour (0 contre, 62 abstentions) pour permettre la perception des impôts existants et le financement provisoire de l’État. Les débats budgétaires reprendront le 12-13 janvier 2026, avec un objectif d’adoption fin janvier.
Cette situation exceptionnelle signifie que le barème de l’impôt sur le revenu 2026 n’est pas encore indexé sur l’inflation, ce qui pourrait faire basculer environ 200 000 foyers supplémentaires dans l’imposition. Les modifications prévues sur l’IFI, le PER et la CDHR restent en suspens.
Le marché des SCPI reste polarisé entre gagnants et perdants
Le marché des SCPI affiche des dynamiques très contrastées en cette fin 2025. Selon l’ASPIM, la collecte nette sur les neuf premiers mois atteint 3,30 milliards d’euros, en hausse de +33% sur un an. Cependant, cette collecte est extrêmement concentrée : les dix premières SCPI captent les deux tiers des flux, et seulement sept SCPI ont dépassé 100 millions d’euros collectés en 2025.
Le taux de distribution moyen annualisé s’établit à 4,68% en 2025, en légère amélioration par rapport aux 4,52% de 2024. Les SCPI les plus performantes affichent des rendements supérieurs à 7%, voire 10% pour les stratégies internationales comme Comète (10,62%). En revanche, 39% des SCPI ont baissé leurs dividendes cette année.
La semaine a été marquée par l’annonce de la baisse de -18,10% du prix de la part de Paref HEXA le 18 décembre, portant le nouveau prix à 172 euros. D’autres SCPI ont subi des corrections significatives depuis 2023, notamment Primopierre (-44,7% cumulé) et Laffitte Pierre (-34,4%). Le montant des parts en attente de retrait atteint 2,38 milliards d’euros au 30 septembre 2025, soit 2,7% de la capitalisation totale du marché, avec une concentration de 77% sur les SCPI de bureaux.
Concernant l’immobilier résidentiel, les Notaires de France rapportent 921 000 transactions dans l’ancien sur 12 mois glissants à fin septembre 2025, en hausse de +11% sur un an. Les prix se stabilisent avec une légère hausse de +1,3% pour les appartements anciens. Paris affiche un prix moyen de 9 610 €/m². Les prévisions pour 2026 anticipent une progression modérée de +1 à +2%.
Les taux de crédit immobilier se stabilisent en décembre autour de 3,06-3,15% sur 15 ans et 3,23-3,35% sur 20 ans, après la baisse significative observée depuis début 2024. Les perspectives pour 2026 penchent vers un maintien, voire une légère hausse, avec une probabilité estimée à 60-70% par les courtiers.
L’or et les métaux précieux poursuivent leur rally historique
L’once d’or a progressé de +2,38% sur la semaine, passant de 4 323 dollars le 15 décembre à 4 426 dollars le 22 décembre. La performance annuelle atteint +70%, la meilleure depuis 1979. Cette hausse s’explique par la demande de valeur refuge face aux tensions géopolitiques (blocus naval américain sur le Venezuela, conflit Russie-Ukraine), la faiblesse du dollar et les achats continus des banques centrales des pays BRICS.
L’argent a surperformé, atteignant un record historique de 72 dollars l’once le 24 décembre, avec une progression annuelle de +154%. Le ratio or/argent est tombé à 65:1, son plus bas niveau depuis dix ans, reflétant une réallocation vers ce métal à usage industriel (photovoltaïque, véhicules électriques, IA). Le marché connaît sa cinquième année consécutive de déficit structurel d’offre.
Le platine a également atteint un record historique au-dessus de 2 300 dollars l’once, avec une performance annuelle de +150%, la meilleure depuis 1987. Le cuivre a franchi pour la première fois les 12 159 dollars la tonne sur le LME, porté par la menace de tarifs américains et les arrêts de production à la mine de Grasberg en Indonésie.
Pétrole en hausse malgré un surplus structurel attendu
Les cours du pétrole ont progressé de +3% sur la semaine, leur meilleure performance depuis octobre 2025. Le Brent a clôturé autour de 62,40 dollars le baril et le WTI autour de 58,35 dollars. Ce rebond s’explique par les tensions géopolitiques (saisie de pétroliers vénézuéliens, frappes sur des infrastructures russes) plutôt que par les fondamentaux.
L’OPEP+ a décidé lors de sa réunion du 30 novembre de maintenir une pause dans ses hausses de production pour le premier trimestre 2026, conservant des coupes totales de 5,85 millions de barils par jour jusqu’à fin 2026. Malgré cette discipline, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe un surplus structurel en 2026, avec une offre progressant de 2,4 millions de barils par jour contre une demande en hausse de seulement 860 000 barils. La performance annuelle du Brent reste négative à -18%, en route pour sa pire année depuis 2020.
La parité EUR/USD s’est établie autour de 1,178 en fin de semaine, l’euro s’appréciant de +14% face au dollar sur l’année 2025. Cette faiblesse du billet vert, qui atteint son plus bas niveau depuis 2017 (Dollar Index à 97,7), s’explique par les anticipations de baisses de taux de la Fed et l’attrait pour les actifs réels.
La Chine annonce une relance économique ambitieuse pour 2026
La Central Economic Work Conference (CEWC), réunie les 10 et 11 décembre à Pékin sous la présidence de Xi Jinping, a défini les priorités économiques pour 2026. Pour la première fois depuis la crise financière mondiale de 2008-2009, la Chine a annoncé une politique monétaire « modérément accommodante » et une politique budgétaire « plus proactive » avec un déficit record de 4% du PIB.
Les mesures incluent le doublement des émissions d’obligations du Trésor ultra-longues à 2 000 milliards de yuans (274 milliards de dollars) et le lancement de l’initiative « AI Plus » pour accélérer l’innovation technologique. Le 18 décembre, la zone franche de Hainan a officiellement été lancée avec la suppression des droits d’importation sur 74% des marchandises.
Les indicateurs économiques chinois restent mitigés. Le PMI manufacturier de novembre s’établit à 49,2, en zone de contraction, tandis que la croissance du PIB sur les neuf premiers mois atteint 5,2%, en ligne avec l’objectif officiel. La Chine continue de faire face à des pressions déflationnistes, le déflateur du PIB étant négatif depuis neuf trimestres consécutifs.
Sur le front commercial, malgré les tarifs américains maintenus à environ 30%, la Chine a atteint un excédent commercial record de 1 000 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2025, grâce à une réorientation des exportations vers l’Europe (+8,9%), l’Asie du Sud-Est (+14,6%) et l’Afrique (+27,2%).
Conclusion : des arbitrages stratégiques à envisager pour 2026
Cette semaine du 15 au 21 décembre 2025 aura été riche en enseignements pour les investisseurs particuliers français. La confirmation de la hausse de la CSG à 10,6% sur les revenus du capital dès janvier 2026 impose une révision des stratégies d’allocation, avec un avantage renforcé pour l’assurance-vie qui reste à 17,2% de prélèvements sociaux.
La divergence persistante entre la BCE (taux maintenus) et la Fed (en mode pause après plusieurs baisses) maintient un différentiel favorable à l’euro, qui pourrait encore s’apprécier en 2026. Les métaux précieux ont démontré leur rôle de diversification, avec des performances exceptionnelles tirées par les achats des banques centrales et la demande industrielle.
Le marché actions français, malgré une performance de +10% en 2025, reste décôté par rapport à ses homologues européens et américains, offrant potentiellement des opportunités de rattrapage si l’incertitude politique se dissipe. La polarisation du marché des SCPI appelle à une sélectivité accrue, avec une préférence pour les véhicules diversifiés et internationaux affichant des rendements supérieurs à 5%.
L’année 2026 s’annonce sous le signe de la prudence, avec des risques géopolitiques persistants (Ukraine, tensions US-Chine) et une croissance mondiale modérée. La reprise des débats budgétaires français mi-janvier et les décisions de politique monétaire du premier semestre constitueront les prochains catalyseurs à surveiller.