Semaine du 1er au 7 décembre 2025 : les marchés en équilibre avant des décisions monétaires cruciales

Sommaire

Bitcoin sous pression, or au sommet, et vote budgétaire français sous haute tension – voilà les trois fils conducteurs de cette première semaine de décembre 2025. Alors que les indices boursiers occidentaux affichent une stabilité remarquable, les investisseurs particuliers font face à un environnement complexe où les décisions de la Fed et de la BCE, attendues mi-décembre, pourraient redistribuer les cartes. Le CAC 40 évolue dans un corridor étroit autour des 8 100 points, pendant que les cryptomonnaies digèrent une correction brutale et que l’or s’envole vers des sommets historiques dépassant les 4 200 dollars l’once.

Cette semaine a également été marquée par deux méga-deals qui redessinent le paysage des médias et de la tech : l’acquisition de Warner Bros. Discovery par Netflix pour 82,7 milliards de dollars et le rachat de Confluent par IBM pour 11 milliards de dollars. En France, l’incertitude politique pèse sur le vote du PLFSS 2026, prévu le 9 décembre, dont l’issue pourrait bouleverser les perspectives fiscales des épargnants.

Indices boursiers : stabilité apparente, performances sectorielles contrastées

Le CAC 40 a traversé la semaine dans une fourchette resserrée entre 8 040 et 8 160 points, clôturant le 8 décembre à 8 108 points avec une variation hebdomadaire quasi nulle de -0,10%. Cette stagnation masque toutefois des mouvements sectoriels significatifs. Stellantis s’est distingué comme le meilleur performeur de l’indice avec un bond de +7,64% le 3 décembre, porté par un relèvement de recommandation d’UBS de « Neutre » à « Acheter » avec un objectif de cours à 12 euros.

Les valeurs bancaires ont également brillé : BNP Paribas et Société Générale ont gagné respectivement +1,81% et +2,2% le 2 décembre, dopées par les anticipations de baisse des taux de la Fed et l’allègement des exigences en fonds propres annoncé par la Banque d’Angleterre. Le secteur de la défense poursuit sa trajectoire haussière avec Safran affichant +48,81% depuis le début de l’année.

À l’inverse, le luxe reste sous pression malgré quelques signaux de stabilisation. LVMH accuse un repli de -22,4% depuis janvier 2025, Hermès -9,6%, victime du ralentissement de la demande chinoise. Le 8 décembre, L’Oréal a cédé -2,41%, pénalisé par son exposition au marché asiatique.

Outre-Atlantique, les indices américains ont progressé modestement mais suffisamment pour s’approcher de leurs records historiques. Le S&P 500 a clôturé à 6 870 points le 5 décembre (+0,31% sur la semaine), tandis que le Nasdaq Composite a grimpé de +0,91% à 23 578 points. Le secteur technologique américain enchaîne une série impressionnante de dix séances consécutives de hausse sur l’ETF XLK, la plus longue depuis 2017.

Deux méga-acquisitions bouleversent les secteurs médias et technologie

L’annonce la plus spectaculaire de la semaine est venue du secteur des médias : le 5 décembre, Netflix a officialisé l’acquisition de Warner Bros. Discovery pour une valeur d’entreprise de 82,7 milliards de dollars. Les actionnaires de WBD recevront 27,75 dollars par action (23,25 dollars en numéraire et 4,50 dollars en actions Netflix), soit une prime d’environ 35% par rapport au cours précédant l’offre.

Cette opération historique permettra à Netflix de s’emparer des studios Warner Bros., de HBO et HBO Max, de DC Studios, ainsi que de franchises emblématiques comme Harry Potter, Game of Thrones et l’univers DC Comics. Les réseaux câblés (CNN, TNT Sports, Discovery+) seront exclus et feront l’objet d’un spin-off prévu pour le troisième trimestre 2026. La clôture de l’opération est attendue fin 2026 ou début 2027, sous réserve des approbations réglementaires.

Dans le secteur technologique, IBM a frappé un grand coup le 8 décembre en annonçant l’acquisition de Confluent pour 11 milliards de dollars en numéraire, soit 31 dollars par action – une prime de 35% sur le cours de clôture du 5 décembre. Confluent, spécialiste du streaming de données en temps réel basé sur Apache Kafka, compte plus de 6 500 clients dont Anthropic, AWS et Microsoft. L’action Confluent a bondi de +29% à l’annonce.

Bitcoin en correction, mais l’adoption institutionnelle s’accélère

La semaine a été mouvementée pour les cryptomonnaies. Le Bitcoin a débuté décembre par une chute brutale sous les 86 000 dollars le 1er décembre, avant de se stabiliser autour de 91 000-92 000 dollars en fin de semaine. Par rapport à son sommet historique de 126 073 dollars atteint en octobre 2025, la reine des cryptos accuse un repli de -27%. L’indice Fear & Greed crypto est tombé en zone « Extreme Fear » (16-20), signalant un pessimisme marqué des investisseurs.

Ethereum suit une trajectoire similaire avec un cours oscillant autour de 2 550 dollars. Les ETF Ethereum ont enregistré des sorties nettes de 65,4 millions de dollars la semaine précédente, avec BlackRock ETHA en tête des décollecteurs. En revanche, le XRP de Ripple résiste mieux : les ETF XRP ont attiré 12,84 millions de dollars de flux nets le 4 décembre, portant le total des afflux depuis leur lancement le 14 novembre à plus de 887 millions de dollars.

Le fait marquant de la semaine côté adoption institutionnelle : Vanguard, le géant américain de la gestion d’actifs avec 11 000 milliards de dollars sous gestion, a annoncé autoriser l’accès aux ETF Bitcoin, Ethereum, XRP et Solana pour ses 50 millions de clients à compter du 2 décembre. Cette capitulation du plus grand gestionnaire de fonds au monde marque un tournant pour la légitimation des crypto-actifs.

Sur le plan réglementaire, la CFTC américaine a officiellement ouvert le trading spot crypto avec effet de levier, classifiant Bitcoin et Ethereum comme « commodities ». En Europe, le règlement MiCA est pleinement applicable depuis le 30 décembre 2024, et l’UE envisage de confier la supervision crypto à l’ESMA pour créer une sorte de « SEC européenne ». Pour les investisseurs français, attention : la directive DAC 8 entrera en vigueur le 1er janvier 2026, imposant la transmission automatique des données clients par les plateformes aux administrations fiscales.

SCPI et immobilier : la reprise se confirme avec une collecte en hausse de 40%

Le marché des SCPI affiche des signes tangibles de reprise. La collecte nette du troisième trimestre 2025 a atteint 1,13 milliard d’euros, en progression de +40% sur un an. Sur les neuf premiers mois de l’année, les souscriptions nettes s’élèvent à 3,3 milliards d’euros (+33% par rapport à 2024). Toutefois, cette collecte reste très concentrée : les cinq premières SCPI captent 55% du total, et les quinze premières trustent plus de 75% des flux.

Plusieurs SCPI ont revalorisé leur prix de part au 1er décembre :

  • Elialys (Advenis REIM) : +2,00% (de 200€ à 204€)
  • Transitions Europe (Arkéa REIM) : +1,00% (de 200€ à 202€)
  • Alta Convictions (Altarea IM) : +1,00% (de 305€ à 308€)

Côté rendements, la SCPI Comète détient le record 2024 avec un taux de distribution de 11,18%. Le taux moyen du marché s’établit à 4,72% en 2024 contre 4,52% en 2023. Treize SCPI affichent un rendement supérieur à 7% en 2025.

Sur le marché immobilier résidentiel, les transactions dans l’ancien devraient atteindre environ 930 000 ventes en 2025, en hausse de +11% en cumul annuel. Les prix se stabilisent après deux années de correction : la variation annuelle nationale oscille entre +0,4% et +0,7%. À Paris, le prix moyen s’établit à 9 540 euros/m², stable depuis l’été 2025.

Les taux de crédit immobilier restent contenus mais amorcent une légère remontée. En décembre 2025, le taux moyen sur 20 ans s’établit entre 3,23% et 3,35%, avec les meilleurs dossiers négociant autour de 3,05%. La prévision BPCE pour 2026 table sur un taux moyen de 3,35%.

BCE et économie européenne : taux stables, croissance en légère reprise

La Banque Centrale Européenne maintient ses taux inchangés depuis juillet 2025, avec le taux de facilité de dépôt à 2,00%, le taux de refinancement à 2,15% et la facilité de prêt marginal à 2,40%. Après huit baisses consécutives entre juin 2024 et juin 2025, la BCE a marqué une pause que la prochaine réunion du 18 décembre devrait vraisemblablement prolonger.

L’inflation en zone euro a légèrement remonté à 2,2% en novembre 2025 contre 2,1% en octobre, tirée par les services (+3,5%). La France affiche l’un des taux les plus bas de la zone avec seulement 0,9% d’inflation annuelle – une performance remarquable qui s’explique notamment par la baisse des prix de l’énergie (-4,6%).

La croissance du PIB de la zone euro a été révisée en hausse à +0,3% au troisième trimestre 2025 (contre +0,2% initialement estimé), portant la progression annuelle à +1,4%. Les indices PMI confirment cette tendance positive : le PMI composite zone euro a atteint 52,8 en novembre, son plus haut niveau depuis mai 2023, pour un sixième mois consécutif d’expansion. La France a d’ailleurs connu sa première expansion en quinze mois.

Le taux de chômage français s’établit à 7,7% au troisième trimestre 2025, en légère hausse de 0,1 point sur le trimestre. Le marché de l’emploi montre des signes de fragilité avec 60 600 postes détruits dans le secteur privé au troisième trimestre, le quatrième trimestre consécutif de recul.

Fed et économie mondiale : une baisse de taux imminente dans un contexte incertain

Tous les regards sont tournés vers la réunion de la Fed des 9 et 10 décembre. Selon l’outil FedWatch du CME, les marchés anticipent une baisse de 25 points de base avec une probabilité de près de 90%, ce qui ramènerait le taux directeur américain dans la fourchette 3,50%-3,75%. Jerome Powell devrait toutefois faire face à des dissensions croissantes au sein du FOMC, plusieurs membres (Susan Collins, Jeffrey Schmid, Beth Hammack) plaidant pour une pause.

Les données économiques américaines restent mitigées. Le rapport ADP publié le 3 décembre a révélé une destruction de 32 000 emplois dans le secteur privé en novembre, les pertes se concentrant sur les petites entreprises (-120 000). L’inflation américaine reste à 3,0% en glissement annuel, au-dessus de l’objectif de 2%, en partie à cause des effets persistants des tarifs douaniers.

Du côté de la Chine, l’excédent commercial cumulé depuis janvier a franchi pour la première fois le cap symbolique des 1 000 milliards de dollars (1 076 milliards exactement). Les exportations chinoises ont rebondi de +5,9% en novembre après une contraction en octobre. Le Politburo a annoncé le 9 décembre l’adoption d’une politique monétaire « modérément accommodante » – une première depuis 2009 – signalant une volonté de relancer la croissance.

Les tensions commerciales sino-américaines restent vives malgré la réduction des tarifs de 145% à 30% après la trêve négociée. L’administration Trump envisage même un retrait de l’USMCA en 2026, tandis que la légalité des tarifs imposés via l’IEEPA est contestée devant la Cour Suprême.

Fiscalité française : le vote du PLFSS 2026 cristallise toutes les tensions

L’instabilité politique française atteint un paroxysme avec le vote décisif du PLFSS 2026 prévu le 9 décembre. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, au pouvoir depuis octobre 2025 après une succession de crises gouvernementales, a renoncé à utiliser l’article 49.3, rendant l’issue du scrutin incertaine.

Plusieurs mesures importantes ont déjà été adoptées en première partie de ce texte budgétaire. La suspension de la réforme des retraites a été rétablie par 162 voix contre 75, mais le gel des pensions et minima sociaux a été rejeté. Une taxe exceptionnelle sur les mutuelles d’environ 1 milliard d’euros a été votée, ainsi qu’une hausse de la CSG sur le capital dans une version allégée rapportant environ 1,5 milliard d’euros.

Pour les investisseurs particuliers, plusieurs évolutions fiscales sont à surveiller de près dans le cadre du PLF 2026 en discussion :

  • Flat tax : maintenue à 30% pour l’instant, mais une hausse des prélèvements sociaux de 17,2% à 18,6% porterait le PFU à 31,4%
  • IFI : un amendement sénatorial propose sa transformation en « Contribution des hauts patrimoines » avec un seuil relevé à 2,57 millions d’euros
  • PER : le report du plafond de déduction pourrait passer de 3 à 5 ans
  • Livret A : le taux actuel de 1,7% sera révisé le 1er février 2026 avec une probable baisse

La réforme du LMNP, entrée en vigueur en février 2025, impose désormais la réintégration des amortissements dans le calcul de la plus-value à la revente – un changement majeur pour les investisseurs en location meublée.

Matières premières : l’or et l’argent pulvérisent leurs records

L’or poursuit son envolée spectaculaire avec un cours spot de 4 202,73 dollars l’once au 8 décembre, en progression de +57,97% depuis le début de l’année. Le métal jaune a brièvement touché un record historique à 4 381,58 dollars en octobre 2025. Cette hausse est alimentée par les anticipations de baisse des taux de la Fed, les achats massifs des banques centrales (la Chine a augmenté ses réserves pour le treizième mois consécutif) et les tensions géopolitiques persistantes. HSBC anticipe un cours pouvant atteindre 5 000 dollars au premier semestre 2026.

L’argent fait encore mieux avec un cours record de 58,18 dollars l’once, soit une progression vertigineuse de +82,36% depuis janvier. Cette performance exceptionnelle s’explique par une demande industrielle record, notamment pour les panneaux solaires et les semi-conducteurs, alors que les stocks chinois sont au plus bas depuis dix ans.

À l’inverse, le pétrole reste sous pression. Le Brent s’échange à 63,75 dollars le baril (-1,3% sur la semaine, -11,45% depuis janvier). L’OPEP+ a confirmé une hausse de production de 137 000 barils/jour en décembre mais a annoncé un gel des augmentations pour le premier trimestre 2026, face aux craintes de surabondance et à la faiblesse saisonnière de la demande.

Sur le marché des changes, l’euro s’est considérablement renforcé face au dollar en 2025, passant de 1,03 en janvier à environ 1,165 actuellement, soit une appréciation de +12,5%. Cette évolution reflète les anticipations de baisses de taux plus agressives aux États-Unis qu’en zone euro.

Perspectives et points clés pour les investisseurs

La semaine à venir s’annonce déterminante avec plusieurs événements majeurs : la réunion de la Fed les 9-10 décembre avec sa probable baisse de taux, le vote du PLFSS 2026 en France le 9 décembre, et la Central Economic Work Conference en Chine les 11-12 décembre. Les données CPI américaines de novembre, retardées au 18 décembre en raison du shutdown d’octobre, fourniront également des indications cruciales sur la trajectoire de l’inflation.

Pour les investisseurs particuliers français, plusieurs points méritent attention. Les détenteurs de cryptomonnaies doivent anticiper l’entrée en vigueur de DAC 8 au 1er janvier 2026 et la déclaration obligatoire de tous leurs wallets. Les contribuables soumis à la CDHR (revenus supérieurs à 250 000 euros) devaient verser leur acompte de 95% avant le 15 décembre. Enfin, les versements sur PER avant le 31 décembre permettent de bénéficier de la déduction fiscale sur les revenus 2025.

Dans un environnement où l’or atteint des sommets historiques tandis que les actions évoluent dans des ranges étroits, la diversification reste le maître-mot. Les SCPI affichent des rendements attractifs mais nécessitent une sélection rigoureuse compte tenu de la concentration de la collecte. Quant aux cryptomonnaies, la correction actuelle offre des points d’entrée potentiels pour les investisseurs de long terme, à condition d’accepter la volatilité inhérente à cette classe d’actifs.

Conclusion : une fin d’année sous le signe de l’attentisme

Cette première semaine de décembre 2025 illustre parfaitement la position d’équilibriste des marchés financiers. Les indices boursiers oscillent sans direction claire, suspendus aux décisions des banques centrales. L’or et l’argent jouent leur rôle traditionnel de valeurs refuges dans un contexte géopolitique tendu, tandis que les cryptomonnaies traversent une phase de consolidation après une année 2025 exceptionnelle.

Pour les investisseurs français, l’incertitude fiscale ajoute une couche de complexité supplémentaire. L’issue du vote du 9 décembre sur le budget de la Sécurité sociale pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique budgétaire et, par extension, sur l’environnement d’investissement en 2026. Dans ce contexte, la prudence et une allocation diversifiée entre actifs traditionnels, immobilier pierre-papier et une exposition mesurée aux actifs alternatifs semblent constituer l’approche la plus sage pour naviguer cette fin d’année mouvementée.